Nous sommes en plein après midi, je vais poser un truc dans ma chambre dans l’auberge de jeunesse, et j’y découvre mon nouveau coloc. Un mec d’une cinquantaine d’années, argentin, qui avait l’air sympa au premier abord, sauf qu’il y a un petit détail légèrement gênant pour moi parce qu’il est… tout nu. Mais genre tout nu, tout nu, tout nu… Dans une chambre mixte.
Bon, je passe outre son attirail pendant, et nous nous présentons.
J’aurais préféré qu’il mette sa serviette autour de lui avant de me serrer la main, mais bon, admettons.
Et puis on continue à discuter à part que ce Monsieur ne veut pas s’habiller. Il finit par s’assoir en face de moi sur son lit, les jambes écartées. Et j’aimerais vous dire que je me souviens de ce qu’il m’a raconté, mais j’étais tellement concentré à le regarder dans les yeux et à faire genre, c’était normal que je n’aie pas la moindre idée de ce qu’il fait, du pourquoi il est là, etc.
Ça me rappelle mes souvenirs d’enfance dans les vestiaires de foot de mon père, où genre c’était normal pour tout le monde et moi un peu bizarre.
Bon, j’arrête de bloquer là-dessus, on est tous humains, c’est beau d’être nature tout ça et je vais faire genre, c’est normal.
Par contre Monsieur, je veux bien que vous gardiez votre main autre part, au-dessus de la ceinture par exemple…
Je retourne travailler.
Je passe une soirée délicieuse avec un groupe de 6 personnes, un Irlandais, une Française, une Grecque et un couple de Danois. On échange sur plein de sujets, notre ami Irlandais récemment divorcé est psychologue dans la marine, avec une fille qui souhaite suivre ses traces dans la psychologie. Il a pris 3 mois pour voyager, et il enchaine les pays et les expériences à la vitesse de la lumière, 2 jours à Mendoza, 3 jours à Cordoba. Forcément, je lui partage mon expérience de 2 mois à Mendoza et 3 mois à Cordoba. Et je lui explique aussi l’importance de prendre son temps lors d’un voyage.
Je lui demande ce qu’il pense des thérapies holistiques et lui parle de ma pratique. Il me raconte qu’il est fasciné par ces pratiques et qu’il a eues l’occasion d’expérimenter un petit peu. Et sa réponse me surprend au plus haut point, entendre un psychologue partageait, acceptait et s’intéressait à ma pratique me fait chaud au cœur.
Les Danois nous racontent des histoires de jeunesse dans leurs pays. Ils nous racontent leurs cérémonies lorsqu’ils sortent de l’école, où ils louent un camion à cochon (apparemment, il y en a plein chez eux). Et la tradition veut qu’avec le camion de cochons, tous les élèves fassent le tour des maisons de chaque parent, et qu’ils boivent un ou plusieurs shots à chaque arrêt. Sur cette tradition atypiquement assumée, et étrangement proche et à la fois éloigné du film Drunk. Il nous raconte qu’il vient d’un village de 70 personnes avec une maison close. Sauf que les villageois ne sont pas contents, car un roumain a repris la maison et qu’il fait le bazar dans le village. Sa conjointe vient de la grande ville à côté de 1500 habitants.
Notre amie grecque voyage toute seule, et revient d’une escapade à moto où elle est partie seule deux jours, cependant sur le chemin pour rendre la moto elle rencontre un groupe de sept motards qui lui proposent de se joindre à eux. Après une hésitation, elle finira par étendre sa location de moto et de les rejoindre pour une expédition pour monter un col, forcément sans route. Je ne vous cache pas que j’admire le cran qu’elle a eu de faire ça.
Notre française, elle voyage seule depuis 4 ans, après avoir pris ses cliques et ses claques à 30 ans et choisir de vivre librement. C’est le genre de personnes qui parlent 3 langues parfaitement, qui écrivent, et donc forcément qui m’inspirent. Nous sommes la représentation des gens qui nous entourent. Je lui ai donc proposé de faire une coloc avec moi et ma sœur pendant un mois et demi.
J’en profite également pour partager mes nouvelles de la journée, parce que suite à une réunion avec les gens de Cordoba Accelera que nous avions rencontrés au mois d’octobre. Ils organisent un congrès auquel nous avons été invités pour faire un workshop sur le bien-être en entreprise.
La première réunion que nous avions faite ensemble, nous avions dû la faire en anglais, car j’étais incapable de parler en espagnol. C’est avec une grande surprise que mes collègues de Cordoba Accédera ont accueilli ma proposition de faire la réunion en espagnol. Ils m’ont du coup offert d’être interviewé par une journaliste d’une des plus grosses radios nationales en Argentine « Cadena 3 ». On enregistre le 21 mars 2024, soit dans une semaine.
Après cette douce soirée, je retourne vers minuit dans ma chambre et y retrouve mon coloc de l’après-midi. Il est habillé, enfin, il porte un caleçon. Il s’approche un peu proche de moi, et me reparle. Et tout allait bien, jusqu’à ce qu’il commence à mettre sa main dans son caleçon en me parlant. Energétiquement, je ressens comme une agression et je lui dis « énergétiquement » de se calmer. Et tout de suite, il enlève sa main.
Je pars me doucher, et entre-temps un nouveau coloc arrive. Un peu soul, et un peu bruyant, mais sur le moment, je suis bien content d’avoir une nouvelle personne dans cette chambre. Il nous raconte qu’il a faim et il cherche à manger. Il se pose dans son lit, au-dessus du mien. Je suis sur mon téléphone parce que je n’arrive pas à dormir. Il nous raconte qu’il veut fumer de la weed et manger et quelques minutes plus tard… BOOOOOMM.
Mon coloc de lit du dessus vient de s’écraser sur le sol. Il a voulu descendre parce que sa nourriture est arrivée, mais n’a pas trop réussi son opération. Il sort récupérer sa nourriture.
Mon coloc naturiste en profite pour venir me parler. En soi, la scène était tellement atypique, et heureusement sans conséquence. Il est toujours avec son caleçon, mais s’approche un peu trop de mon lit avec la main dans son caleçon, ce qui me met particulièrement mal à l’aise.
Je l’invite énergétiquement à se calmer et à retourner dans son lit. Il retourne se coucher directement. Mais tel un moustique qu’on menace, je sens son énergie venir me chatouiller. Et je suis bien content de savoir que mon coloc affamé revienne trente minutes plus tard. Ils se mettent à discuter entre eux. Il en profite pour sortir une cigarette électronique avec une huile à 99% de THC et fumer ça dans la chambre.
Je m’endors et je ne vous cache pas que j’étais prêt à défoncer le mec s’il faisait une tentative un peu espiègle dans mon lit. Parce que ce que je ressentais, ses envies érotiques … Et que non, il ne m’est jamais rien arrivé de chelou en auberge de jeunesse, jusqu’à aujourd’hui. (C’est notre ami tout nu qui m’a posé cette question).
Le lendemain matin, mon coloc de lit se joint à moi au petit dej. Il part en vadrouille à Iguazhou puis au Brésil, avec aucune idée de comment payer le trajet de retour. Je ressens une énergie très lourde et je comprends qu’il a un problème avec son frère. Je suis en train de faire autre chose, et je n’ai pas envie de jouer au thérapeute. Donc, je ne dis rien, je fais un mini truc pour soulager son épaule parce que ça me dérange lorsque je travaille.
Je le retrouve à 14h et on finit par discuter et nous échangeons sur notre coloc tout nu de la veille. Il me raconte qu’il ne peut pas supporter les gens qui te parlent en se grattant les couilles, et que ça lui rappelle son frère et que ça l’agace au plus haut point.
Bon si je cherchais encore un point d’entrée pour lui parler de son frère, le voici. On commence à discuter et je lui raconte un peu sa vie. J’en profite pour lui faire un soin un peu plus complet et l’aider à le soulager. Je reçois beaucoup d’informations sur les choses qu’ils pourraient travailler pour aller mieux.
Je le remercie d’avoir foutu le bordel hier soir, et que j’étais bien content qu’il soit là hier soir.
Il me remercie de l’avoir aidé à voir les choses avec un autre regard sur la situation avec son frère. Il s’avère que son frère à le même âge que moi.
Sur cette étrange nuit et ces belles coïncidences, nous nous quittons sur une embrassade avant qu’il prenne son bus !